Claire Morgan la sculpture en resille
Les résurrections aériennes
Claire Morgan est une sculptrice/plasticienne qui travaille autour de scénarisations spatiales, très aériennes, mêlant les éléments les plus banals et vulgaires de notre société avec des animaux empaillés par ses soins, le tout associé dans des résilles géométriques fines et vaporeuses dans lesquelles elle suspend le temps en une action énigmatiques.
Ceci n’est pas écologique
Claire Morgan malgré l’usage d’éléments naturels, duvets, feuilles, fleurs séchées et animaux taxidermisés refuse de se laisser enfermer dans un discours banal et assez convenu sur l’écologie. Ses œuvres sont des histoires sans légende, des suspensions au sens littéral comme métaphorique. En réalité, les résilles de Claire Morgan ne sont pas si muettes que cela, en effet les titres orientent ou redirigent toujours le regard vers une interprétation possible quelque fois assez explicite.
Theatrum mundi
Dans le corpus de Claire Morgan il est beaucoup question de la mort, de la fragilité et du temps, mais parfois, notamment dans les travaux de 2013, la narration devient plus contextuelle avec des connotations sentimentales et sexuelles assez présentes. Le ton est à la fois sirupeux et humoristique, on pressent la distanciation ironique et l’illustration constante chez la plasticienne irlandaise de la formule shakespearienne : « All the world’s a stage. And all the men and women merely players; They have their exits and their entrances, And one man in his time plays many parts … » (As You Like It).
Cabinets de curiosités
Depuis 2015 l’artiste recourt à des vitrines qui enferment comme elles protègent. Les renards et autres volatiles sont souvent représentés prisonniers de suspensions matérialisant un air solide ou le cours d’une existence précaire dont ils sont les victimes empaillées et mises sous verre à l’image d’une planche d’entomologiste. On passe des installations « in situ » exposées aux aléas de l’environnement à des vitrines dignes d’un cabinet de curiosités. Le vivant est affligé d’un double simulacre, taxidermisé et mis en boite, épinglé et exposé pour finalement s’enchevêtrer dans des résilles certes aériennes mais se révélant davantage être des chaînes, des pièges que de délicats supports.
Claire Morgan est représentée par galerie Karsten Greve.
Auteur : Thierry Grizard