Anselm Kiefer et Rodin confrontation
Anselm Kiefer et Rodin, boites à idées et processus
Anselm Kiefer et Rodin, deux monstres sacrés mis en parallèle par le musée Rodin. Anselm Kiefer a relevé le défi semble-t-il avec enthousiasme. Il se confronte donc au travail d’Auguste Rodin et tisse avec prolixité ses obsessions au corpus de Rodin.
Anselm Kiefer, en 2013, visite au musée Rodin les réserves, il y découvre les abattis de membres, pieds, mains, jambes, etc. qu’Auguste Rodin conservait en vue de possibles utilisations ultérieures.
Il consacra également beaucoup de temps aux dessins érotiques du sculpteur qu’il transposa à plusieurs reprises dans le registre biblique en particulier dans les dessins et livres: « la conscience des pierres».
Par ailleurs Anselm Kiefer entreprit quelques temps plus tard une visite prolongée des cathédrales de Chartres, Melun et Étampes.
Avec Kiefer on observe toujours cette phase d’ingestion intellectuelle approfondie d’où vont éclore comme d’une matrice organique, mais aussi « algébrique », des hybridations aux maturations intellectuelles et physiques plus ou moins longues.
C’est l’objet de cette exposition. Anselm Kiefer y présente une quarantaine de pièces inédites composées de vitrines, livres et plusieurs grands tableaux de cathédrales.
Vue de l’exposition. Courtesy musée Rodin.
Les vitrines fonctionnent toujours comme des reliquaires où les concepts se sont matérialisés de manière plus ou moins improbables. « Sursum corda » en est un exemple dans sa réutilisation du symbolisme de l’arbre et de l’échelle de Jacob. Les tableaux de cathédrales métissent, dans la matérialité habituelle de Kiefer, les tours, mastabas ou ziggurats de Barjac et des réminiscences de diverses cathédrales françaises. La corrélation était inévitable pour Anselm Kiefer, entre la Tour de Babel qui prétend atteindre les cieux et la transcendance des cathédrales. Le lien « matriciel » est trop puissant pour qu’il ne « germe » pas. Ici Auguste Rodin est davantage un ferment à « idées » que le partenaire d’une confrontation. Il y a cependant quelques exceptions: par exemple la reprise dans « Berthe au grand pied » d’abattis ou les livres inspirés des dessins et aquarelles érotiques de Rodin.
Anselm Kiefer Marmorklippen 2014 © Anselm Kiefer ph. Charles Duprat collection particulière.JPG
BnF. Exposition, Anselm Kiefer, « l’alchimie du livre ».
Le musée à cette occasion et dans le cadre du centenaire du sculpteur a exhumé une œuvre récemment restaurée d’Auguste Rodin: l’Absolution. Un plâtre singulier dans le corpus de Rodin, au sujet d’inspiration romantique et exprimé de manière très littérale, mais le groupe est étrangement déséquilibré et brisé, avec un drap très expressif posé sur l’ensemble. A se demander si l’essentiel de cette pièce n’est pas précisément le drapé.
L’Absolution A. RODIN S.3452 Plâtre et tissu H. 190 cm ; L. 95 cm ; P. 75 cm Paris, musée Rodin © agence photographique du musée Rodin – Pauline Hisbacq.
C’est à voir au musée Rodin.
Du 14 mars au 22 octobre 2017.
- © Anselm Kiefer.
- Courtesy musée Rodin.
- Courtesy BNF
Auteur : Thierry Grizard