Marlene Dumas le fardeau de l'image
Noli me tangere
Marlene Dumas a amorcé la série des “Magdalena” dans les années 1990 après avoir réalisés des portraits du Christ.
© Marlene Dumas.
Marie Madeleine est dans la tradition chrétienne un personnage composite, qui réunit de nombreux thèmes parfois contradictoires. Il y a la prostituée repentie, l’épouse possible et controversée, voire calomniée de Jesus, le personnage historique, celle qui est affligée des 7 démons interprétés soit comme une image du vice ou de la maladie, celle qui désirait le Christ qui la tînt éloignée. Tous ces aspects de l’icône chrétienne ont intéressé l’artiste, cela lui permet de développer ses figures ambivalentes autour du désir, de la vulnérabilité, de la nudité et de l’individualité exposée.
© Marlene Dumas.
« I called them only « Magdalena » to make them less historically religious. I also liked the fact that this woman wants this man and he says « no ». My men are often supposedly « feminine » while my women are more « masculine » (if you want to use these distinctions still). I believe in love stories, the gender of the lover does not matter in the end. I use religious subjects as I use fairy-tale figures, in order to give my audience an easy starting point, a popular reverence that relates to all times and that is familiar to most people.” _Marlene Dumas, exhibition broadsheet, Catherine Kinley, Tate Gallery 1996).
© Marlene Dumas.
Afin d’entreprendre cette série Marlene Dumas c’est inspiré de photographies de Naomi Campbell et d’œuvres de l’école flamande, notamment la Marie Madeleine de Gregor Erhart (début 16° siècle) visible au musée du Louvre, deux références particulièrement éloignées allant du profane teinté de mercantilisme au sacré dans une de ses expressions les plus épurées. C’est un trait caractéristique du travail de l’artiste peintre, laquelle procède fréquemment par collision des registres dans le but de souligner la complexité des représentations et la fragilité des individus qui les portent, comme ils les subissent. L’image de la peinture en tant que véhicule de valeurs est du point de vue de Marlene Dumas un fardeau qui nourrit l’ensemble de son œuvre.
© 2011 Musée du Louvre / Thierry Ollivier.
© Marlene Dumas.
Auteur : Thierry Grizard