Max Beckmann l'Enfer des oiseaux
L’enfer des oiseaux
En 1937 Max Beckmann considéré par les nazis comme « peintre dégénéré » se voit contraint de quitter l’Allemagne. Hölle der Vögel (l’Enfer des oiseaux) est l’une des œuvres qu’il réalisa lors de son exil à Amsterdam.
Il s’agit d’une allégorie explicite où des hommes sont torturés par des oiseaux faisant le salut nazi. Au centre une femme chtonienne monstrueuse à la poitrine ornée de quatre seins et exécutant également le salut hitlérien galvanise et abreuve de sa haine et son aveuglement le peuple galvanisé hystérique et fasciné des oiseaux. Le tout dans un espace clos, sursaturé aux couleurs criardes dans une composition concentrique et pleine d’accessoires disposés à la renverse.
Au côté de la mère patrie diabolique un autre volatile monstrueux aux ailes d’ange déchu, symbolisant la puissance du capitalisme, sourit narquois et tend ses griffes vers des pièces d’or. En arrière plan de l’obscure déesse orgiastique un oiseau à la robe sombre et le regard torve symbolisant le soutien de l’Eglise à la folie du 3° Reich. En contre bas de l’homme supplicié, la liberté d’opinion agonise sous la forme d’un journal piétiné. On peut aussi voir un étrange autel où repose un petit tableau ou un livre représentant un coucher de soleil masqué par une bougie figurant probablement la lueur d’un dernier espoir de réveil de l’esprit et la raison face à la barbarie qui menace de déferler.
Cette œuvre de la même époque que Guernica de Picasso occupe une place centrale dans l’expressionnisme allemand. Elle était en vente chez Christie’s et a atteint 40,8 M€ au marteau, un prix record pour Max Beckmann.
© Max Beckmann.
Auteur : Thierry Grizard